PETITE HISTOIRE N°9

 
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Le 26 février 2019

La salade de sarrasin et de légumes sort du frigo, glacée.
Je l’étale dans une assiette que je pose sur le rebord ensoleillé de la fenêtre de cuisine.
Que vois-je apparaître dans la seconde qui suit ?

Une belle truffe noire, narines palpitantes, humant frénétiquement cette manne inattendue !

 

Je ne peux résister et sors immédiatement pour embrasser cette grosse tête si douce, plonger mes doigts dans la fourrure toute chaude de soleil, caresser les poils si brillants.
Le regard d’ambre qui se vrille dans mes yeux me parle d’amour.
Timon se laisse aller de tout son poids contre mes jambes, sa tête dodeline sous les doigts qui le grattent jusqu’à derrière les oreilles, puis se baisse peu à peu, les yeux fermés de plaisir sous les caresses. L’oiseau qui s’envole bruyamment du laurier ne le fait même pas tressaillir.
Nous sommes tous les deux.

Dans le jardin.

Au soleil.

Plus tard, j’irai chercher une fourchette et m’assiérai sur la terrasse pour déguster ma salade qui sera à bonne température.
Bien sûr, une truffe frémissante se joindra à moi, des yeux implorants tenteront de me persuader que leur possesseur n’a jamais mangé de sa vie.
Mon regard ironique suffira.
Le grand chien noir se laissera tomber en soupirant dans l’ombre d’un arbuste.
Puis j’irai me préparer un café que je viendrai boire près de lui, une main dans son pelage.

Nous serons ensemble, comme toujours.
Mais ça, ce sera plus tard.
Pour l’instant, je savoure.