PETITE HISTOIRE N°10
Le 9 mars 2019
Chez mon amie Catherine cohabitent trois poules, Aglaé, Grisette et Sidonie, un coq, Chanteclair, deux chats, Socrate et Platon, deux chattes, Isis et Bastet.
Le jour de ma visite, Laura, la fille de Catherine, était là, avec sa chienne Iloa.
Craintive, Iloa aboya lors de mon arrivée. Elle devait sentir sur moi l’odeur de mon chien Timon, que pourtant elle connaissait et avec qui elle avait déjà joué.
En attendant, elle se méfiait de moi.
Aucune de mes paroles, aucun de mes gestes vers elle n’eurent de succès. Dès que je la regardais, Iloa reculait. Laura me donna un bout de la tartine de rillettes qu’elle était en train de grignoter pour que je tente de l’apprivoiser. La chienne s’approcha timidement, saisit le bout de pain avec délicatesse, mais partit aussitôt se régaler plus loin.
Nous étions assises dans le jardin, au soleil, les animaux vaquaient chacun à leurs occupations, le tremblement des branches nous signalait l’activité de Platon, Socrate et Isis ne se montraient pas, les poules et le coq picoraient dans leur coin, Iloa était allongée dans l’herbe lorsque Bastet arriva.
Jeune chatte de huit mois, au pelage noir, long et soyeux, au regard de rêve, son allure signalait le chat d’exception qu’elle était déjà.
Nous ne connaissions pas, je la rencontrais pour la première fois. Je m’avançais vers elle afin de la saluer, elle se précipita vers moi pour me lécher plusieurs fois les mains et se frotter contre moi, avant de repartir en direction d’un buisson frémissant dans lequel œuvrait Platon.
« Ah là, je crois que tu es adoptée ! me dit Catherine. »
Je me rasseyais quand Iloa passa entre les sièges, renifla discrètement la main que Bastet venait de lécher, donna un petit coup de langue puis s’éloigna.
La chatte avait été l’ambassadrice, la chienne me jugeait digne d’être approchée !
Nous nous servîmes à nouveau du thé et reprîmes notre discussion. Nous en étions à la préparation du concours de Laura lorsque Catherine s’écria :
« Piout, piout, pas par-là les poules ! »
J’assistai alors au demi-tour immédiat des quatre gallinacés qui quittèrent la terrasse pour regagner la pelouse autorisée. À la queue leu leu, Chanteclair en tête, tous reprirent la direction de l’herbe.
Je livrais mon étonnement devant cette obéissance et cette cohésion du groupe à Catherine qui me raconta alors :
« Cette cohésion est l’œuvre de Chanteclair. Quand je pose un plat avec de la nourriture, il y va le premier, mais il goûte seulement. Puis, d'un petit signal sonore, il invite les poules à venir manger. S'il s'avère qu'une ne peut avoir accès au plat ou peut en prendre moins que ses copines, il va alors lui prendre un morceau et vient le lui donner.
Au début, il n'y avait qu'Aglaé et Sidonie avec lui. Quand Grisette est arrivée, elle a eu beaucoup de mal à être admise, les deux premières poules lui faisaient bien sentir qu'elle n'était pas la bienvenue. Chanteclair a veillé sur elle, l'a protégée des coups de bec, l'a intégrée.
Cet hiver, il a été malade, grippé, faible... Grisette ne l'a pas lâché, elle est restée auprès de lui et l'a soutenu tout le temps qu'a duré sa maladie. »
Sur la photo ci-dessus, Grisette et Chanteclair.