PETITE HISTOIRE N°7

 
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Le 6 février 2019

Je suis née avec la musique, petite-fille de musiciens amateurs. Ma grand-mère et mon grand-père se sont rencontrés au conservatoire de Bordeaux. Elle était une violoniste moyenne, lui un très bon hautboïste, recherché, qui a même assuré la direction d’orchestres. Il taillait les hanches de son hautbois lui-même. Ses lèvres à force de jouer étaient toutes fines.

C’est avec mes grands-parents paternels que j’ai découvert l’opéra. J’avais sept ans, j’étais en vacances chez eux, Le couronnement de Poppée de Monteverdi passait à la télévision, mon grand-père avait branché la chaîne qui diffusait l’opéra simultanément à la radio. La mise en scène était contemporaine, les costumes beaux et fins, les chanteurs vibraient d’émotion, ce fut un véritable coup de foudre.

Ma rencontre véritable avec la musique s’est faite ce soir-là. J’ai eu cette chance magnifique.

 

Plus tard, à l’âge de quatorze ans, une deuxième rencontre a bouleversé ma vie. Un concert de Pierre Bensusan. Pas beaucoup plus vieux que moi, il était déjà un virtuose de la guitare.

J’étais assise tout près de lui, dans le premier rang, je voyais ces doigts bouger, son corps vivre intensément ce qu’il jouait. Complètement envoûtée, je suis restée dans la bulle de ses mélodies des jours et des jours entiers après le concert. Je planais, envahie par les émotions que sa musique avait provoquées en moi. Là encore ce fut une chance magnifique. …

 

Je rêvais de jouer moi aussi. À l’âge de sept ans, mes parents m’ont inscrite au solfège en cours particulier. Je me suis retrouvée debout à côté du piano, auprès d’une dame sévère qui m’apprenait à lire les notes et à les chanter, pendant qu’elle m’accompagnait. « Tenez-vous droite comme si vous aviez avalé un parapluie » ne cessait-elle de me répéter. Moi qui ne rêvais que de m’asseoir devant le clavier !

Cela a duré deux ans, deux ans à battre la mesure à deux, trois ou quatre temps tout en chantant les notes. Après je n’ai plus voulu ! Mais je connaissais le solfège.

Je suis restée un bon moment sans vouloir entendre parler de cours de musique !

 

Pour mes dix ans, un piano est arrivé à la maison, un Pleyel droit, haut, magnifique. Et des cours de piano, avec un professeur non-voyant, qui rien qu’en entendant ma façon de jouer disait : « Baisse tes épaules ! »

Quelques années plus tard, je me suis offert ma première guitare.

 Puis, est survenu le jazz…