PETITE HISTOIRE N°12
Le 20 avril 2019
La maison était calme. À part eux deux, il ne restait que Line qui peignait sur la terrasse. Concentrée sur sa toile, elle ne les entendit que lorsqu’ils sortirent pour l’embrasser. Elle se détacha de son activité le temps de leur sourire et de les prendre dans ses bras, puis se replongea dans son travail.
Le chien avait quitté la pelouse où il était allongé pour venir les saluer, la queue frétillante de joie. Ils caressèrent sa fourrure noire toute chaude de soleil, enfouirent leurs doigts dans sa douceur, le flattèrent puis revinrent sur leurs pas, accompagnés du vent qui les enveloppa d’une bouffée de lilas fleuri alors qu’ils rentraient.
Le soleil inondait la cuisine. Sur la table, protégée sous une cloche de verre qui recouvrait la grande planche ronde en bois, une pile de galettes de sarrasin les attendait.
L’odeur du café chaud ne tarda à envahir la pièce. Elle attrapa le beurre et la confiture, les cuillères et les couteaux pendant qu’il posait des assiettes sur le plateau de marbre ainsi que ses tasses préférées. Uniques, elles venaient de Bonjour, un petit village d’Auvergne. Elles avaient été achetées chez cette potière qui enchantait par la finesse de ses pièces et son art à laisser la magie du feu magnifier ses émaillages.
Sarah s’étira longuement en soupirant d’aise. Sacha s’approcha et la prit dans ses bras, respira l’odeur de son corps encore endormi qui sortait de la douche, caressa de ses baisers la peau si douce de son cou. Puis ils prirent place l’un face à l’autre et entamèrent leur petit déjeuner. Les galettes étaient encore chaudes, le beurre étalé dessus fondait juste ce qu’il fallait pour se mélanger à la confiture de framboises… dont ils videront certainement le pot.
Il est midi, ils viennent de se lever, ce matin est le premier de trois jours d’un long week-end, le ciel est d’un bleu éclatant.
Il pourrait s’agir d’un matin banal et ordinaire mais il ne l’est pas.
Empreint de douceur et de tendresse, de cette petite touche de lumière, de ce miroitement si particulier, il semblerait bien qu’il ait un goût de bonheur.